samedi 9 mai 2009

Le temps des cerises...



Le cerisier a changé depuis janvier. Il a fleuri de ses belles fleurs blanches (la photo en témoigne) et maintenant il bourgeonne, promettant de belles cerises gorgées de soleil. A ses pieds les herbes folles ont poussé et font disparaître les chaises du jardin : celui-ci est résolument sauvage, j´aimerais le dompter un peu et lui donner plus belle allure mais le temps du jardinage n´est pas encore arrivé. A vrai dire, le temps est vraiment un casse-tête depuis la reprise du travail. Entre les trajets, les longues journées, suivies des trop courtes soirées avec Solenn et David puis tout ce qu´il y a à faire et qui n´est guère palpitant (tout ce que l´on nomme "tâches domestiques" - lessive, cuisine, vaisselle, ménage - et que l´on devrait plutôt appeler les "tares qui nous domestiquent"), il ne reste que de trop rares moments où l´on tente avant tout de profiter de l´instant présent : promenades, jeux, retrouvailles avec des amis, petit déjeuner sur une terrasse de café, ou une sieste partagée...car la fatigue, évidemment, est assez grande et frustrante. La nuque et le dos tiraillent quand on donne le bain, on s´écroule de sommeil quand on voudrait faire des activités "d´éveil" avec notre petite, on perd patience quand elle nous réclame à grands cris alors qu´on essayait d´avaler la première cuillèrée de soupe d´un dîner toujours entrecoupé.
Solenn a eu 6 mois le 06 mai. 6 mois intenses, aux émotions vertigineuses et aux expériences palpitantes. Pas de gâteau pour l´occasion, nous étions le soir seules en tête-à-tête car David était à Barcelone et j´ai dû avaler à la va-vite une soupe tiède et des tartines de fromage grossièrement étalées sous les cris de rage de la belle qui trouvait scandaleux de devoir rester dans son petit transat pendant cette opération : bon appétit et joyeux anniversaire ! Le lien de cause à effet entre l´alimentation et la production de lait maternel semble échapper totalement à la conscience de notre petite exigeante. De fait, si l´approvisionnement reste correct, je ne sais guère s´il est si riche nutritivement vu le peu de temps et de confort passé à table et la vitesse à laquelle sont absorbés des plats plus que sommaires. Mais peu lui importe, le bébé réclame et tète goûlument sans rechigner et continue à le faire à des heures incongrues, quand la nuit est bien noire (2 ou 3 h du matin, parfois 4h30) puis quand l´aube se lève, entre 6 et 7, en général 2-3 fois par nuit. Je perds parfois complètement le compteur et n´ai pas toujours la force de regarder l´heure d´ailleurs et je me demande si cela correspond à de réels "appels du ventre" ou de simples "appels de bras"...Quoi qu´il en soit, quand le réveil sonne à 7h15, je ne sais plus exactement à quel "nouveau réveil" j´en suis : est-ce le définitif ou un provisoire ?
Pour l´incongruïté horaire, Solenn tient d´ailleurs de son père (même si certains iront chercher quelques exemples notoires chez son insomniaque de mère...) car celui-ci, comme si c´était trop peu, décide régulièrement à 5 heures du matin - ou à 3, qu´il faut qu´il aille courir car il n´en a pas eu le temps dans la journée. Donc quand ce n´est pas la fille, je demande le père dans la famille des "décalés horaires" . Quand dans la journée, des étudiants bien intentionnés me demandent si "la petite fait ses nuits", je sourie jusqu´aux cernes : "ses quoi ???" et hésite entre un nouveau café ou un déca sucré aux somnifères pour produire un lait planant. La pédiatre l´a confirmé : à 6 mois, un bébé peut tenir toute la nuit sans manger.
Mais ne croyez pas que Solenn se réveille uniquement à des fins purement - et bassement - alimentaires : depuis peu, elle ouvre l´oeil également pour... converser ! En effet, ayant réalisé qu´avec les syllabes "da da da" ou "ta da da", on pouvait tout dire ou presque en variant l´intonation, elle met cela en pratique à n´importe quelle heure du jour...et de la nuit. Je l´entends parfois commencer en chuchotant "da da da, ta da da, daaaaa" puis ça va crescendo, les mains s´agitent, les pieds soulèvent la petite couette, le nounours valdingue et la conversation s´anime "TA DA DA DAAA, DA DA !" - d´une voix traînante et d´outre-lit "Soooleeeeeeennnnn tu m´racont´ras ton rêve demain, d´accooooord ???" - "TADADINDIN !!!" (= Pas question !) - "Si. C´est pas l´heure" ("DATADA!" = Que nenni !) - "Non !" - "DA !" ("ah bon, tu parles russe en plus ??" - "da da..."). Ce genre de baragouignage a le don de réveiller complètement et de provoquer une vive nostalgie des réveils mûs par la simple envie de téter : au moins, là, on avait de quoi lui fermer le clapet et de se rendormir avec elle au creux du bras.
Djamilia avait apporté à Noël un livre qui parlait de l´éveil des tout-petits et distinguait les enfants "hypotoniques" des enfants "hypertoniques". Il va sans dire que concernant la nôtre, je n´ai pas hésité une seconde sur la catégorie à laquelle elle appartenait. Hypertonique et ultrasonique. Noctambule et bavarde. Rigolarde et colérique. Pas de quoi s´ennuyer...

* * *

J´ai beaucoup de retard dans la publication de ces nouvelles de Solenn, supposées être printanières alors que nous sommes en plein été (nous sommes le 30 juillet et je profite de l´examen final de mes étudiants pour accéder enfin à ce blog et mettre à jour des informations largement dépassées !). Il y eut plusieurs facteurs expliquant ce retard : mon ordinateur portable sature et n´accepte plus de photos et ne veut d´ailleurs maintenant même plus reconnaître la carte de l´appareil. Puis ce problème de temps évoqué plus haut. Internet à Collbató mais pas encore al Bruc...bref. Je rattrape le temps et mets ici quelques photos en remontant le cours des derniers mois. Si vous êtes un rien attentifs et doués en calcul vous aurez compris que Solenn n´a plus 6 mois depuis presque 3 mois et approche donc des 9, pour commencer...Elle est sur le point de se déplacer à 4 pattes mais ce n´est pas encore ça, elle se met en position, bascule les fesses d´avant en arrière et avance un genou mais ne sait pas comment faire ensuite et termine en plan "parcours du combattant", s´écrasant à terre puis rampant et soulevant le popotin, les bras faisant le reste. Elle préfère nettement à cet exercice un peu trop "ras les pâquerettes" la station debout d´ailleurs et s´accroche à tout ce qu´elle peut (rebord de banc, petite table ou chaise etc) pour être dressée fièrement sur ses deux jambettes. En terme de coordination elle excelle également dans le signe du "au-revoir" mais un peu en toute occasion et la main vers elle et depuis hier nous l´avons découverte en train de jubiler car elle sait applaudir (avec ses deux mains ou deux objets qui peuvent s´entrechoquer, c´est plus drôle, ça fait plein de bruit).


Côté événements : le 30 avril nous sommes allés fêter le mariage de Candice et Olivier dans le nord de la France. Je n´ai pas sur ma clef USB de photos pour en témoigner mais j´en ajouterai bientôt, une fois que j´aurai dompté mon ordinateur. Nous avons donc repris l´avion (oui oui celui de cette photo....), la voiture, le train, le métro, nous avons festoyé, chanté puis nous sommes allés à Paris où Solenn a pu revoir son papi (sur la photo plus haut) et sa mamie le temps d´une journée. Un petit bain de français pour les oreilles si habituées à la musique catalane (à la crèche, avec la nounou...)


Comme on peut le constater sur les différentes photos, le cerisier est passé de fleuri (début avril) à gorgé de fruits (mi-juin) offrant un brin d´ombre pour des pique-niques champêtres (avec Max et Mélanie sur la photo) puis assailli par de gros oiseaux colorés, assez nonchalants et peu honteux de leur gourmandise voleuse. Rien de tel qu´un arbre pour mesurer le fil du temps.


Il faut préciser d´ailleurs que les "Tadada" de Solenn à 6 mois sont passés par d´autres phases et qu´elle a ajouté à ses vocalises le son "o" : lorsque nous étions à Lisbonne (pour le long pont de la Sant Joan fin juin), elle disait souvent "ayto" (voulait-elle dire "esto" ou "Això", le "ça?" castillan ou catalan ou alors imitait-elle Tiago disant "papa Heitor" ?). Il y a aussi des sons japonisants...Les voici tous les deux sur cette photo, le petit Tiago déjà grand que j´ai connu à l´âge de 5 mois, lorsque nous partagions avec sa maman - Marta - l´appartement d´Eli dans le quartier gothique. Mon plus petit colocataire de l´histoire de toutes mes colocations ! Celui qui - indirectement - m´a initié aux couches lavables et au jeu des pinces à linge à enlever et - si possible - remettre dans leur petit panier...Maintenant un petit frère est arrivé, le petit Tomas - pas si petit que ça d´ailleurs du haut de ses 55 cms et 4,4 kg à la naissance ! Le voici sur cette dernière image...et pour aujourd´hui je devrai arrêter là (il y en a des choses à raconter quand on a pris autant de retard !) car mes étudiants ont fini leurs productions et j´ai donc un joli tas de copies à corriger...demain c´est le dernier jour de ce dur labeur estival et nous serons enfin en vacances !!!

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