lundi 26 octobre 2009
Ca swingue hindou al Bruc !
Quoi qu´il en soit, dans cet extrait :
- Dans le rôle de la danseuse-4 patteuses : Solenn !
- Dans le rôle de la filmeuse-fredonneuse : la maman !
- Dans le rôle de la "voix-off" qui entre et attire notre petite gigoteuse : Carmen ! (nounou du Paraguay, voisine et remplaçante de David en cuisine les jours de flemme...)
La coccinelle qui promenait les chaises...
jeudi 15 octobre 2009
Incipit : chose promise, chose due !
Je vous propose un petit jeu :
- vous n´écrivez aucun commentaire : j´arrête.
- Vous me dites que c´est nul : j´arrête.
- Vous me dites que ce n´est pas si mal : je continue.
Seule à la terrasse d´un café, Sol compte les heures, depuis son retour.
Deux hommes tournent dans la rue Tiquetonne, elle fredonne en tournant sa cuiller dans la tasse noire “Quiquetonne, tic tac toc, qui t´a quitté madonne ?”, puis se demande pourquoi Tiquetonne à présent et non plus Quiquetonne ?
On ne les voit plus, ils étaient minces, grands et sombres : Sol pose sa cuiller, murmure encore le nom énigmatique “Qui que...tonne ?”, pense à sa soeur, à Paris, aux hommes, “morts ou vifs” se précise t´elle.
Luz est dans l´atelier du peintre, sous les toits d´un immeuble très parisien, rue du Cherche-midi. Elle pose comme un chat au soleil, étalant langoureusement sa paresse sur le vieux canapé et ne pense à rien. Elle entend le peintre clamer qu´il n´a aucun respect pour la peinture. Elle joue avec la lumière, sur ses cheveux, sur sa peau, l´ombre, la lumière, la voix du peintre. “Non, c´est vrai, je n´ai aucun respect pour la peinture !”, insiste t-il. La voix se fait lointaine à mesure que les ombres chinoises dessinées par les doigts de Luz deviennent la seule perception tangible. Elle pense alors à sa soeur puis à Istvan, elle oublie le peintre et la peinture, et sombre d´un seul coup dans un sommeil délicieusement félin.
Sol tourne machinalement sa cuiller dans la troisième tasse de café qu´elle vient de commander, elle tourne sans y penser et sans raison puisqu´elle ne sucre jamais le café. Elle se penche au-dessus du breuvage et respire profondément. Cette odeur de grains torréfiés, dans ce petit café parisien un matin de juin, la terrasse de bonheur. Enivrée, elle relève la tête et la fait tomber en arrière, lâchant un soupir d´extase. Un mouvement, une conversation qui s´interrompt, un râclement de gorge, lui parviennent et lui font comprendre sans détour qu´on la regarde. Ses voisins de table, un couple âgé sentant la bergamote. Elle se tourne vers eux et leur lâche aussi naturellement que s´ils venaient de lui poser une question :
- Cela fait un an que je n´ai pas bu de café.
La vieille femme en redingote vert bouteille cède un sourire bienveillant. Son mari se contente d´un hochement de tête, comme si Sol était un petit animal exotique à côté d´eux, une distraction de bon augure pour ce début de journée. Pour se donner une contenance, Sol se remet à observer la rue Tiquetonne où elle ne voit plus qu´indistinctement des pantalons à pinces gris, des tailleurs noirs, des costumes encore bien sombres pour la saison. “Ces gens qui travaillent…” pense t´elle et cette idée l´assombrit car elle se demande que faire d´elle-même pour les mois à venir. Pour peu, elle en serait énervée, à moins que ce ne soit tout ce café.
- J´appellerai cette toile ratée “la Belle endormie”, il y en a des milliers des belles
endormies, alors non seulement c´est raté mais en plus cela n´a rien d´original...Vous vous en fichez n´est-ce-pas Luz ? Je n´ai pas de respect pour la peinture mais vous, vous n´avez pas de respect pour les peintres, non ?
- Vous voulez que je pose ou que je vous fasse la conversation ?
- Oui vous avez raison, vous pouvez tout aussi bien être muette. Vous pourriez quand-même poser éveillée, vous n´aviez pas les yeux fermés sur ma toile...Bon mais votre insolence est éloquente et c´est votre mystère que je veux capter après tout. Vous pouvez rester ici faire votre sieste, moi je vais peindre dehors. Des arbres, des branches ou des toits...de vraies choses inanimées car votre respiration me trouble.
La voix roulante continue de résonner dans l´atelier tandis que Luz fait des efforts au-dessus de ses moyens pour s´extirper de sa somnolence. Elle se lève et enfile sa robe avec sa nonchalance habituelle. Elle dit en baîllant, presque machinalement :
- Les toits d´accord, mais les arbres c´est animé. Et d´ailleurs, les toits ou les « toi » ? Bon, je m´en fiche en fait, je ne reste pas, votre canapé est tout défoncé et ma soeur est certainement déjà arrivée.
- Vous avez une soeur ? Vous ne m´avez jamais parlé de votre soeur... Vous ne parlez pas beaucoup, ce doit être pour cela. Elle était partie ?
Luz acquièsce d´un mouvement de tête.
- Mais elle n´avait pas précisé l´heure de son retour car elle déteste les retrouvailles dans les aéroports ou les gares. Le jeu est donc de la retrouver dans l´un de nos lieux fétiches.
- Ah, les soeurs, ça a toujours de drôles de jeux. La mienne, la dernière fois qu´elle m´a donné rendez-vous, elle m´a dit « C´est la dernière fois qu´on se voit, je ne veux plus entendre parler de toi ! ». C´était à cause d´une sombre histoire de sous bien-sûr. Eh bien, elle ne croyait pas si bien dire, en venant elle a eu une crise cardiaque et le rendez-vous a donc été déplacé au cimetière des Batignolles. Depuis, je ne l´ai effectivement plus revue...
- C´est affreux votre histoire. Et vous êtes affreusement cynique en plus.
- Affreux affreux, c´est le seul compliment que vous me faites à chaque fois que vous me voyez...Bien, belle insolente, allez retrouver votre soeur farouche à qui il n´arrivera pas ce type de mésaventures – croyez moi, je suis un peu chamane -et sortons ensemble si vous le voulez bien.
La porte claque d´un bruit sec derrière eux. La rue brille sous le soleil zénithal et a un air de vacances. Luz cherche l´heure sur le néon vert de la pharmacie : « midi ». Elle se dit : « magique, cette rue du Cherche-midi » et sourit. Elle joue à s´aveugler en offrant son visage aux rayons, elle plisse les yeux, puis les ferme, puis oublie l´heure qu´il est, où elle est. Quand elle les rouvre, elle aperçoit le peintre déjà loin qui lui fait un signe d´adieu de la main puis elle reconnait un autre homme qui tourne à l´angle de la rue... Elle veut l´appeler mais il disparait avant que le son de sa voix ne puisse prononcer son nom.
Il était mince, grand et sombre.
Magyar.
mardi 13 octobre 2009
Jour de fête sous l´oeil de Sergi Bernal
il vient de m´envoyer ces trois belles images du jour de fête que je décris dans l´article précédent : Jesus devenant le parrain spirituel de Solenn.
Bien entendu, Sergi étant derrière son objectif, il n´est pas sur ces photos. Il suffit de faire un petit jeu de "cherchez la différence" entre le dernier cliché du groupe dans cet article et celui que j´ai mis sur le précédent pour trouver Sergi (vous éviterez pendant cette opération de comparer la valeur esthétique des deux images pour m´épargner un complexe d´infériorité). Si vous apercevez un grand gaillard à l´allure de viking tenant dans sa main un bol tibétain, alors vous saurez qui est Sergi-le-majestueux.
Si vous avez la curiosité de connaître davantage le travail de ce garçon au reste fort sympathique, je pourrai vous passer l´adresse de sa page internet et il pourra même vous enregistrer dans son carnet d´adresses pour ses prochaines expos. Récemment il a exposé à Perpignan sa très belle série de photos de Chine. Il prépare actuellement un très beau travail sur les camps de réfugiés dans le sud de l´Algérie (où il s´est rendu l´an dernier).
Fréquemment, il revient de ses expos avec un prix sous le bras, en général des voyages qui font pâlir d´envie ses amis. Il part avec son sac à dos, en Inde ou au Guatemala et il fait de nouvelles photos, puis de nouvelles expos et alors il gagne de nouveaux prix et ainsi de suite...Quand la passion devient art de vivre, on peut croire aux dons du ciel, non ?
Sur ces photos :
1. Jesus et sa filleule, Solenn.
2. David, moi, Jesus et Solenn.
3. de gauche à droite : Eli et Ariadna (dans les bras), Rodrigo et Ingrid, David, moi et Solenn, Jesus, William et Luisi.
jeudi 8 octobre 2009
Jesus arriva
Un jour de mars ou avril, pendant la fête de la Terre qui se célébrait dans les jardins de la Ciutadella à Barcelone, j´avais demandé à Jesus s´il accepterait d´être le parrain spirituel (mais non confessionnel) de Solenn. Il en fut touché et prit très à coeur cette proposition qu´il accepta avec joie. En réalité, ça faisait longtemps que j´y pensais, avant même la naissance de Solenn et il faut que je raconte là qui est Jesus.
Je l´ai rencontré à travers Eli quand je revenais de Chine en 2006 et qu´elle s´apprêtait pour sa part à y repartir. Je cherchais à la fois une personne qui sache faire les massages ayurvédiques et un cours de yoga. Or, Jesus était aux dires de mon amie et colocataire Elisenda LA personne qu´il me fallait, répondant à mes deux attentes : il maîtrisait le massage indien à la perfection et donnait des cours, non de yoga mais de Kalaripayattu, un art martial du sud de l´Inde qui combine yoga, relaxation et figures martiales dans des enchaînements chaloupés. Je n´ai pas pu commencer par cela dans un premier temps car je travaillais au moment où il donnait ces séances mais j´ai découvert sa dextérité de masseur, la bonté infinie qui habitait ses mains et tout son être. Etant ami également de Marta avec qui j´ai habité pendant l´absence d´Eli, nous avons commencé eu l´occasion de nous voir plus souvent et de mieux nous connaître pendant cette période. J´eus le temps d´observer alors son ascendance sur le petit Tiago et la tendresse qu´il lui manifestait. J´aimais ce qu´il disait de l´enfance et je le voyais émerveillé. Ceci m´est resté et a sans-doute joué dans mon envie d´en faire le parrain de notre fille. Puis je suis allée tester un de ces fameux cours au nom imprononçable et je me suis arrangée l´année suivante pour travailler le samedi matin et être à Barcelone le vendredi soir afin d´en faire une pratique hebdomadaire. Au début, j´étais tellement fascinée par sa propre façon de faire, la beauté de ses gestes (Jesus ne fait pas de yoga ou de Kalaripayattu, il danse, tournoie et s´envole littéralement sous les yeux ébahis de ses "disciples") que j´osais à peine esquisser un mouvement, de peur de paraitre gauche et totalement inesthétique après ses prestations majestueuses. Je cherchais toujours à me placer derrière lui, "dans son ombre" afin de me saoûler de sa grâce et de tenter d´imiter maladroitement ce qu´il faisait. Il faut également confesser que cet art martial est très physique et pas si facile à appréhender au début. Jesus a plusieurs cordes à son arc pacifique : il a étudié les sciences maritimes mais est devenu danseur puis, après s´être blessé au genou, il a appris les massages et le Kalari. Il travaille dans un hôpital de jour avec des personnes souffrant d´anorexie ou de boulimie (à travers un programme d´Art thérapie) et s´intéresse à diverses méthodes curatives alternatives. Il se forme aussi en constellation familiale et apprend la peinture et la sculpture dans une école d´art parallèle. A part tout ça et sans le savoir, c´est un ange tombé sur terre. Il ne pouvait y avoir de meilleur parrain pour Solenn.
Je ne vexerai personne j´espère en affirmant que c´est réellement l´ami le plus spirituel que j´ai. Bien entendu n´étant ni croyants ni baptisée pour ma part, nous ne voulions pas de connotation chrétienne à cette cérémonie pour accueillir Jesus comme parrain dans la vie de Solenn. Nous l´avons d´ailleurs laissé choisir entièrement le déroulement et le contenu de cette petite fête que nous avons célébrée le 20 septembre. Auprès du cerisier, il avait disposé plusieurs objets représentant les cinq éléments : fruits, bois - encens rapporté de Colombie, bougie en forme de fleur de lotus, bouteille bleue sacrée ouvrant les shakras, fleurs... En tant que mère et femme constituée de yin, je devais porter la flamme pour équilibrer ma substance et y ajouter du yang. Et David, en tant qu´homme et père façonné de yang, prenait le petit récipient d´eau et versait cet élément yin sur les pieds de Solenn. Puis Jesus les lui a massés avec de l´huile de mandarine. Avant ce petit rite, il a demandé à tous de fermer les yeux et nous a guidés dans une méditation afin de nous réunir mentalement autour de cet acte symbolique dédié à l´enfant. Il va sans dire que Solenn, ainsi que son amie Ariadna - de 15 jours son aînée - n´en percevait les effets tranquillisants que de très loin et toutes deux mettaient une joyeuse ambiance, qui pour réclamer le sein, décortiquer le raisin et le goûter, ou manifester une forte envie de gambader. William, le compagnon de Luisi (avec qui je pratiquais le Kalaripayattu) accompagnait le tout musicalement en faisant résonner les bols tibétains. Ce fut une très belle après-midi. Eli et Sergi étaient là avec Ariadna, Luisi et William étaient venus avec Jesus et Ingrid et Rodrigo nous avaient rejoint.
Je retranscris ici "dans le texte" (c´est-à-dire en castillan) les mots que Jesus dédia à sa filleule
mi niña dulce,
te quiero bautizar
como testigo este arbol regalar
tu madre orgullosa en tus meses de vida
cargados de dicha y felicidad
Envidia a tu padre le darás
porque el rocio de la mañana te quiere abrazar
pero contento, que presente siempre lo tendràs
Tu alma i mente
caminando hacia la libertad
y que los àngeles griten, Amen
Solenn te quieren llamar
Mi bendición, dulce niña,
Te quiero regalar
Pendant l´après-midi, Ingrid a confié à son père le désir d´être la marraine de sa petite soeur. A vrai dire, nous n´avions pas pensé particulièrement au double féminin du parrain, ne suivant aucune pratique traditionnelle et du coup nous n´avons pas fêté simultanément cet événement, mais nous avons bien-sûr accepté son offre. Je n´y aurais pas pensé car le lien de parenté me semblait amplement combler leur relation et ne donnait pas lieu à un autre rôle. Mais cela lui tenait tant à coeur qu´il eût été difficile de freiner cette envie et puis cela permet peut-être aussi de ne pas être qu´une "moitié" de soeur comme le dit bêtement notre langue mais au contraire une grande soeur complète...Et ce ne sera sans-doute pas le même type d´influence que Jesus mais Ingrid fera grandir Solenn dans la continuité de l´héritage artistique paternel, les pieds emmêlés dans les fils, les tissus et les bobines de laine...Alors, tissons encore une fois, reprenons ce refrain, le refrain des liens, afin que Solenn connaisse avant tout les soleils doux et ardents de l´amour ...qu´elle apprenne à aimer, sentir et confier, avec ces belles personnes autour d´elle qui veillent à son éveil...
mercredi 7 octobre 2009
Sur les routes de France et de Navarre
Alors, comble de l´absurdité, je vais au plus vite, au plus présent : j´écris sur celle qui m´empêche d´écrire le reste du temps !!! Solenn par-ci, Solenn par-là, je vois de là venir les commentaires rieurs et ironiques d´amis - en particulier ceux que les enfants ennuient énormément, mais tant pis c´est ainsi, je sais que ça fait plaisir à certains et c´est donc déjà ça. Vivre loin nous apprend à tisser ces liens invisibles à travers des mots : si texte et tissu ont la même racine étymologique, ce n´est certainement pas par hasard. De fait, je réalise que lorsqu´on me dit "j´ai été faire un tour sur ton arbre à plumes et je n´ai pas vu de nouveaux articles", indirectement ou directement on me dit "tu n´as pas donné de nouvelles récentes de Solenn, mets nous des photos !" et je dois donc bien me rendre à l´évidence que cet arbre est devenu provisoirement un journal de maternité - "mi bebe y yo" en blog !!! - et que plus personne ne semble y attendre les textes liés au voyage ou à l´imaginaire qui en constituait avant la sève. Alors assumons et étanchons la soif de nouvelles dont certains ont la générosité de nous faire part. La petite-reine-soleil est après tout un sujet très intéressant.
Pour élargir ce champ monothématique, je vais raconter quelques bribes des séjours passés à droite à gauche et parler de ses petits amis, avec qui elle grandit de loin en loin mais que l´on essaie de voir tout-de-même avec une certaine régularité. Les kilomètres ne font pas peur à personne dans cette famille : depuis sa naissance, le petit soleil a pris 8 fois l´avion (4 allers-retours entre Paris, Barcelone et Lisbonne), connaît comme sa poche le sud de l´Aveyron, le Lot-et-Garonne, Toulouse, la Cerdagne, le Pallars Jussa. Voiture, train, métro, bus, bateau, avion, poussette, aucun transport n´a de secret pour elle. A Saint Sever, la miss connut sa première Buffatière "extra-utérine" (car nous y étions aussi l´an dernier) et ne fut absolument pas déroutée de voir tous ces individus grimés en chemise et bonnet de nuit blancs (la première photo en haut qui, il faut l´avouer, peut consterner le chaland qui passerait par là par hasard). Elle applaudit la fête, ainsi que la fanfare, vue à deux reprises : la Bérézina porte mal son nom, elle cumule les succès et déchaîne les foules, de 7 à 7777 mois. Marie-Lou - notre incomparable hôte avec le doux Philippe - fut de nouveau son "coach" personnel (lors du premier séjour saint severois en avril puis durant leur visite en Espagne en mai, ce fut déjà le cas, l´entraînement étant à l´image de la pédagogue que Marie-Lou n´a jamais cessé d´être) : le matin pendant le petit-déjeuner, elle installait des chaises à distances variées afin de voir comment notre petite apprentie en mobilité se débrouillait. Puis nous l´observions passer certains obstacles avec brio, comme la barre de bois sous la grande table familiale - la seule photo qui en atteste a été prise par Marie-Lou et montre Solenn s´écrasant au sol après avoir mal coordonné toutes les flexions et étirements nécessaires à l´opération (on ne la publiera donc pas afin de ne pas contredire le "brio" mentionné ci-avant et pour éviter que Solenn, à l´âge de l´adolescence, ne nous intente un procès pour "violation de sa dignité dans le droit à l´image"). Nous passâmes quelques après-midis également à développer son sens artistique en l´emmenant à la construction insolite et au tout nouveau "Musée des Arts Buissonniers" que les Nouveaux Troubadours ont inauguré sous l´impulsion de Pol - la continuité en fait de plusieurs éditions de l´expo "Un monde de Bruts". Et bien, même lorsque je la laissais dormir derrière les deux gorilles sculptés par Kourajek (orthographe incertaine), Solenn ne se réveillait pas en poussant des cris d´horreur.
Après Saint Sever, nous nous rendîmes à Moncouët où vivent Nico et Catherine. Ce fut un plaisir de revoir Lilo et Kyra, les jolis jumeaux, qui ont acquis un certain sens de la discipline si on les compare à notre petite anarchiste (mais, je le répète, tout est dans l´éducation) : ils mangent bien, ils se couchent tôt, ils dorment toute la nuit, ils pleurent "piano piano", bref ce sont des z- amours (Solenn aussi ceci dit mais en sautant tous les premiers critères).
Pour confirmer qu´à deux, ce n´est pas pire qu´avec un seul, nous avons également été voir, un peu plus tard en septembre, les frérots Anatole et Camille. Le second était un peu effrayé par Solenn- l´entreprenante (qui, à 6 mois, tirait sur sa fermeture éclair et, à 10, lors d´un bain partagé, lui attrapait le zizi - "forcément, c´est intriguant ce qui dépasse là et que moi je n´ai pas !!!"). Anatole a une mémoire impressionnante et un don pour le langage : à 3 ans, il parle de façon très précise et a un vocabulaire qui ferait pâlir les linguistes en herbe. Sa fréquentation est donc tout-à-fait recommandée pour notre petite bavarde. J´ai oublié de dire hier que si à 9 mois, Solenn prononçait des mots plus ou moins intelligibles (sinon reconnaissables), en ce moment elle ne les utilise qu´occasionnellement (à part le "au-wa" car visiblement elle tient à ce que les gens se cassent) et a forgé son propre langage dont elle est la seule à maîtriser les codes. Elle dit plein de choses, à toute vitesse et sur tous les tons mais ça ne ressemble plus vraiment à des signes connus (le signifié a lâchement abandonné le signifiant, dirait Saussure) et le tout s´apparente à du japonais (pas à du chinois, je vous assure, sinon j´aurai encore une petite chance de capter un ou deux mots...). J´ai également oublié de dire que le mot "maman" était aussi entré dans son dictionnaire personnel (peu après ou relativement simultanément à "A-dar" mais on ne reviendra pas là-dessus) et qu´il se confond parfois avec la forme "Miam-miam" : car la maman, bien entendu, ça se mange... (en réalité, elle dit "maman"-"miam-miam" quand elle voit apparaître le sein nourricier magique et elle identifie donc clairement sein=maman=à table! ou, dans un autre ordre maman=sors mon petit cubis de lait=mmm, j´ai faim!) Mais évidemment elle ne dit pas "maman tiens, eu-gad A-dar miam miam down baba" ou, qui sait, peut-être mais dans son japonais (car elle a l´air très convaincue de ce qu´elle raconte). Et, toujours plus intéressée par l´espèce canine que les tristes humains à deux-pattes, elle fait "ah ah !" pour imiter l´aboiement mais le généralise à tout ce qui est "+animé - humain +animal", en rencontrant par exemple un chat ou un pigeon.
Cela dit, je dois avouer une certaine fierté à avoir constaté que ses premiers "mots" ont été balbutiés en français (la langue miam-miam-ternelle bat à plat de coutures la langue ba-ba-ternelle, eh eh...). L´été, l´Aveyron, le Lot-et-Garonne, Paris puis la bonne fréquentation d´Anatole ont peut-être aidé à mettre un petit peu d´ordre dans ce brouillard linguistique car je me rends compte à présent que la reprise de la crèche et le bain quotidien dans un environnement plus catalan ont tout-à-fait obsurci la compréhension jusque là établie (c´est un des travers de cette "normalisation linguistique" ici qui transforme les plus grands défenseurs de la langue en véritable "cat-libans" et plus personne ne comprend rien !!!). Quant au langage non verbal, elle maîtrise à merveille le salut de la main (on ne répètera pas ici qu´elle met un point d´honneur à ce que les gens dégarpissent), montre du doigt - très malpoli -, met à l´oreille des objets ressemblant à un téléphone, envoie des bisous (imite aussi, comme quand deux amoureux s´embrassent dans le métro et là, c´est la mère qui se sent gênée !), souffle, toussote, frappe des mains, danse...A Paris, elle fut admirative devant Nathanaël qui, pour fêter ses un an le 10 septembre, a honoré l´événement en se mettant à marcher (quelques jours avant). Ce ptit gars, qu´elle avait déjà rencontré le jour de la Saint Valentin, est tout-à-fait de son goût. Grâce à cet anniversaire, elle a pu goûter son premier bonbon Haribo, Mathilde (la maman) ayant la bonne idée d´enfreindre la loi du "no sugar" scandé par les pédiatres car si les parents lèvent les interdits, on peut miser qu´il n´y aura plus aucun intérêt pour les enfants de le faire. Et puis, 1 an, c´est un âge symbolique pour ouvrir les portes de la caverne d´Ali-baba au royaume alimentaire...Alors, même quand on est un poil plus petite, on peut se permettre de faire comme les plus grands.
Dans la sphère des vraiment plus grands cette fois, on a revu ensuite les cousins Owen et Melvin avec leur papa chez papy et mamie. Une photo de famille dans le jardin méritait d´honorer ce court passage. Je ne sais plus si j´ai mentionné que sur l´arbre généalogique de la famille maternelle, Solenn est quelque chose comme la 242ème descendante de ses arrière-grands-parents Marie-Louise et Eugène Charbonnier. De quoi ne pas se sentir isolés ! Ma mère m´avait également appris qu´elle était née pile 100 ans après Françoise Dolto - le 06 novembre 1908 - et que cette année-là avait également vu naître Soeur Emmanuelle et son arrière grand-mère paternelle (à Solenn, pas à Emmanuelle), Marie, le 07 décembre. Nous verrons si ces dates cycliques prédisposent Solenn aux profondeurs de l´âme psychique ou mystique ou lui donnent le talent de conteuse de feu Marie Bernard (et non Sarah), quoi qu´il en soit pour l´instant elle est davantage portée à l´action qu´à la réflexion !
A part ça, Paris fut aussi l´occasion d´aiguiser un peu plus le sens esthétique de la demoiselle, sous la gouverne d´un spécialiste en la matière, notre ami Jean-Michel. La Halle Saint Pierre est pour nous un lieu de rendez-vous assez rituel et nous avons eu la chance d´y voir cette fois une expo sur Chomo (dont des peintures que nous méconnaissions totalement). Sur cette dernière photo, ce n´est pourtant pas des oeuvres de ce drôle de bonhomme qui avait construit son refuge imaginaire au coeur de la forêt de Fontainebleau que Jean-Michel lui montre mais celles d´un artiste polonais dont j´ai oublié le nom...mais qui était là ce jour-là et qui avait l´air adorable, discret, souriant, humble...Il avait également de très beaux tissages.
Tissons tissons textes et fils de la mémoire, ouvrages du temps et bobines colorées des jours et des soirs...
mardi 6 octobre 2009
Après le printemps, il y eut l´été...
Père et fille se sont mis au diapason de la mode majorquine pour chausser leurs pieds pendant ce mois d´août baigné de soleil. Il fallut trouver la fraicheur et rien de tel qu´un lac, celui près de Tremp en l´occurence, pour combler notre soif de silence, d´ombre, d´eau et de farniente (cette dernière, toute relative cependant vu la distance où se trouve l´enfant en bas âge de ce concept).
Durant ce séjour, il y eut beaucoup de premières expériences en "prime times". Solenn a le tact d´attendre d´avoir ses deux parents tout à elle, disponibles et attentifs, pour montrer ses prouesses : elle se lançât notamment dans le 4 pattes, décidée à coordonner jambes et bras, après avoir passé une bonne partie du mois de juillet à se balancer d´avant en arrière sans se résoudre à avancer (et terminant plutôt en rampant et soulevant le derrière version parcours du combattant). Elle apprit simultanément à se lever en s´accrochant à ce qu´elle pouvait (rebord de lit ou de chaise, jambes, chien) et puis elle se mit à babiller de plus en plus "clairement", imitant les sons entendus : c´est ainsi que le "au-revoir" prit sa place sous la forme de "Au-wa" accompagné du geste de la main et recouvrant toute entrée ou sortie de personne ou d´animal (une forme contractée en fait de "Hola" et "au-revoir", le "Salut" personnalisé de l´enfant aux 2 langues...). Mon crible phonétique reconnut également "donne" (prononcé à l´anglaise "down"), "tiens!", "Eu-gad" pour "regarde" (et ce fut aussi le début de toute chose ou individu montré du doigt) : en tout état de cause, on remarquera que le premier mode que choisit le bébé pour s´exprimer est l´impératif, preuve il en est - si tant est qu´il subsistât des doutes - que c´est bien lui qui commande à la maison.
Mais l´ingratitude infantile ne s´arrête pas là : force est d´avouer dans cet article (ne prétendant rien d´autre que de dépeindre fidèlement la réalité) que bien avant de dire "maman" de façon distincte - ou même "baba" pour "papa" - Solenn a préféré s´égosiller à crier "A-dar" pour appeler..."Radar", le petit chien blanc et roux de Marie-Lou et Philippe, qui la rendait folle de joie. Ce privilège s´accompagnait d´une autre différence notable, c´est que lorsque la petite devait rejoindre l´auteure de ses jours dans une autre pièce, son 4 pattes était rythmé par des lamentations et râleries particulièrement sonores tandis que lorsqu´elle poursuivait ce chien, elle allait à toute vitesse en émettant un cri inspiré, comble de la joie exultante (une sorte de rire inspiré, si vous voyez ce que ça peut donner...). Ce n´est pas le chien de cette photo qui la mettait dans cet état mais c´est égal, c´était de cet acabi l´affront.
Cependant je n´en pris pas ombrage et je me reposais un peu dans ces moments-là sur mon rôle " + animé + humain " comme on dit dans le jargon linguistique, car trop souvent Solenn me rappelait par sa voracité à la nature proprement mammifère de toute femme (certes, cette tournure casse tout glamour mais appelons un chat un chat) et se ruait régulièrement sur les seins maternants, pour combler une soif passagère, pour se consoler ou pour marquer la relation maternelle d´un seau indéfectible. Je ne m´appelais pas "A-dar !!!!" moi et ne la faisait pas courir mais j´étais un peu son Saint Bernard de service, toujours appelé à la rescousse avec son eau-de-vie en guise de récompense.
Car on arrive au point B de cet exposé sur l´ingratitude innée de nos progénitures : toutes ces vacances, je me suis décarcassée - tel le père Lustucru - à préparer de bons petits plats à cette enfant dotée de plus en plus de dents (7 à ce jour), cherchant les meilleurs légumes ou fruits et les meilleurs axiomes "courge-carotte-tofu", "pommes de terre-haricots-poisson", pour me retrouver chaque jour confrontée à la même déroute et à un refus entêté d´avaler la moindre cuillère de ces merveilles gastronomiques (bon, il faut admettre que l´absence de sel rend difficile l´extase gustative) ; j´ai donc essuyé jour après jour des râteaux culinaires sans broncher, me remettant à l´ouvrage le lendemain, encouragée successivement par Marie-Lou puis Catherine me dénichant les meilleurs légumes de leur potager, comparant avec moi des recettes bio ou m´alternant parfois sur le maniement de la cuillère mais rien n´y faisait : Solenn détourne la tête avec une habileté déconcertante. Ceci est vexant mais ce n´est rien à côté de ce que je vais vous révéler maintenant : après plus de 28 jours de ce calvaire quotidien à faire ingurgiter un minimum de 3 bouchées à cette mini-militante de la grève de la faim, je fis une expérience bien plus traumatisante : je vis la chipie descendre en moins de 3 minutes LA TOTALITÉ d´un petit pot acheté au supermarché et dont le goût était immonde.
Quand le bébé sort du ventre de sa mère (où il devait bien se contenter de ce qu´on lui donnait à manger soit dit en passant), une des premières choses que l´on fait - sous peine d´être un peu embêté si on ne le fait pas - c´est de couper le cordon reliant mère et enfant : pendant cette opération, aucune infirmière ne nous avertit mais l´enjeu est de taille : la mère perd son nombril, littéralement : et avec lui pfuiiiit, envolé l´égo ! Larmes, cris, morsures, griffures, refus en tout genre, vexations et autres humiliations en public sont le lot ("le gros lot" devrait-on dire) de l´intronisation dans le monde des "heureux" parents. Depuis que Solenn est née, je reçois régulièrement des magazines sur les bébés (sans que je n´ai jamais rien demandé mais voilà, La Poste semble s´envoyer à elle-même des faire-part de naissance et décide d´envoyer de la presse spécialisée aux citoyens ayant l´amabilité de rebouster le taux de natalité) ; je les feuillète parfois dans le train qui me mène au "train-train quotidien" afin d´essayer de trouver des récits d´expérience sincères et objectifs mais je tombe en général toujours sur cette même phrase, une sorte de refrain revigorant : "Mi bebe es la alegria de la casa" - désolée, on m´envoie ces sornettes en langue de Cervantès, ce qui de l´autre côté des Pyrénées donnerait "Mon bébé est la joie de la maison". Cela me fait sourire : certes il n´y a guère de plus grande joie que l´arrivée d´un enfant dans nos vies (mélange de magie, de poésie et de terreur sublime) mais de dire que ces petites boules de feu qui éclatent en sanglots ou s´étranglent de rage à la moindre contrariété SONT la joie même, avouez que c´est drôle quand-même !!!! Chialer c´est se tordre de rire en somme. Les larmes sont le summum de la crise de fou rire, hurler c´est chanter la beauté du monde et avoir des coliques un rite de passage mettant tout le monde en transe !!!!
Je défie mes contemporaines d´avoir un peu le courage de l´honnêteté et de ne pas craindre un procès de "mauvaise mère" en confessant simplement qu´un bébé peut être tout à fait désopilant, qu´il met régulièrement ses parents en rogne et leur apprend la patience infinie et ne respecte à peu près aucune loi de la bienséance (d´où le rôle éducatif incombant à leurs ascendants). Regardez par exemple cette photo de Solenn cet été : crise de pré-adolescence, elle trouve déjà beaucoup plus intéressant de mordre dans une cigarette plutôt que de jouer avec un objet de son âge !!! Dans ce cas particulier, je vous avoue que je jette l´éponge et m´en remet au père, sans omettre de lui passer une couche de culpabilité puisque c´est lui l´affreux fumeur dans cette maison - donc le tentateur des péchés et on en reparlera en temps voulu mais cette photo restera gravée là pour attester de cette exposition beaucoup trop précoce aux nuisances de ce monde (...et toc !)
Il fallut en pareilles circonstances détourner l´attention de la coquine et lui offrir une bouée "Deluxe" (s´il-vous-plaît) afin de lui faire découvrir des plaisirs non interdits comme l´eau (qui détruit le feu, si vous voyez où je veux en venir). Ce fut un succès, tout comme le ramassage de petits cailloux pour remplir et vider les petits cubes. Heureusement que les mères sont là, pensant à tout, des couches aux jeux éducatifs - pourrais-je ajouter, me lançant des fleurs par la même occasion puisque ce n´est plus si souvent que l´égo est redoré (sic le paragraphe précédent où on a vu que celui-ci était parti à la poubelle). Je me dis que je vais arrêter là pour le moment car je dois justement aller chercher la demoiselle à la crêche et je laisserai la deuxième partie de ce récit de vacances pour plus tard (quand on a du retard, on ne compte plus !). C´est le comble des mamans ayant un peu de temps devant elle : en profiter pour parler de leur enfant ou écrire sur celui-ci : c´est donc bien vrai, on s´ennuie d´eux dès qu´ils ne sont plus dans nos pattes. Les lectrices de "Mi bebe y yo" ou "Ser padres" ont donc raison : C´EST LA JOIE DE LA MAISON, sans eux qu´est-ce que c´est triste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!