lundi 26 octobre 2009
Ca swingue hindou al Bruc !
Quoi qu´il en soit, dans cet extrait :
- Dans le rôle de la danseuse-4 patteuses : Solenn !
- Dans le rôle de la filmeuse-fredonneuse : la maman !
- Dans le rôle de la "voix-off" qui entre et attire notre petite gigoteuse : Carmen ! (nounou du Paraguay, voisine et remplaçante de David en cuisine les jours de flemme...)
La coccinelle qui promenait les chaises...
jeudi 15 octobre 2009
Incipit : chose promise, chose due !
Je vous propose un petit jeu :
- vous n´écrivez aucun commentaire : j´arrête.
- Vous me dites que c´est nul : j´arrête.
- Vous me dites que ce n´est pas si mal : je continue.
Seule à la terrasse d´un café, Sol compte les heures, depuis son retour.
Deux hommes tournent dans la rue Tiquetonne, elle fredonne en tournant sa cuiller dans la tasse noire “Quiquetonne, tic tac toc, qui t´a quitté madonne ?”, puis se demande pourquoi Tiquetonne à présent et non plus Quiquetonne ?
On ne les voit plus, ils étaient minces, grands et sombres : Sol pose sa cuiller, murmure encore le nom énigmatique “Qui que...tonne ?”, pense à sa soeur, à Paris, aux hommes, “morts ou vifs” se précise t´elle.
Luz est dans l´atelier du peintre, sous les toits d´un immeuble très parisien, rue du Cherche-midi. Elle pose comme un chat au soleil, étalant langoureusement sa paresse sur le vieux canapé et ne pense à rien. Elle entend le peintre clamer qu´il n´a aucun respect pour la peinture. Elle joue avec la lumière, sur ses cheveux, sur sa peau, l´ombre, la lumière, la voix du peintre. “Non, c´est vrai, je n´ai aucun respect pour la peinture !”, insiste t-il. La voix se fait lointaine à mesure que les ombres chinoises dessinées par les doigts de Luz deviennent la seule perception tangible. Elle pense alors à sa soeur puis à Istvan, elle oublie le peintre et la peinture, et sombre d´un seul coup dans un sommeil délicieusement félin.
Sol tourne machinalement sa cuiller dans la troisième tasse de café qu´elle vient de commander, elle tourne sans y penser et sans raison puisqu´elle ne sucre jamais le café. Elle se penche au-dessus du breuvage et respire profondément. Cette odeur de grains torréfiés, dans ce petit café parisien un matin de juin, la terrasse de bonheur. Enivrée, elle relève la tête et la fait tomber en arrière, lâchant un soupir d´extase. Un mouvement, une conversation qui s´interrompt, un râclement de gorge, lui parviennent et lui font comprendre sans détour qu´on la regarde. Ses voisins de table, un couple âgé sentant la bergamote. Elle se tourne vers eux et leur lâche aussi naturellement que s´ils venaient de lui poser une question :
- Cela fait un an que je n´ai pas bu de café.
La vieille femme en redingote vert bouteille cède un sourire bienveillant. Son mari se contente d´un hochement de tête, comme si Sol était un petit animal exotique à côté d´eux, une distraction de bon augure pour ce début de journée. Pour se donner une contenance, Sol se remet à observer la rue Tiquetonne où elle ne voit plus qu´indistinctement des pantalons à pinces gris, des tailleurs noirs, des costumes encore bien sombres pour la saison. “Ces gens qui travaillent…” pense t´elle et cette idée l´assombrit car elle se demande que faire d´elle-même pour les mois à venir. Pour peu, elle en serait énervée, à moins que ce ne soit tout ce café.
- J´appellerai cette toile ratée “la Belle endormie”, il y en a des milliers des belles
endormies, alors non seulement c´est raté mais en plus cela n´a rien d´original...Vous vous en fichez n´est-ce-pas Luz ? Je n´ai pas de respect pour la peinture mais vous, vous n´avez pas de respect pour les peintres, non ?
- Vous voulez que je pose ou que je vous fasse la conversation ?
- Oui vous avez raison, vous pouvez tout aussi bien être muette. Vous pourriez quand-même poser éveillée, vous n´aviez pas les yeux fermés sur ma toile...Bon mais votre insolence est éloquente et c´est votre mystère que je veux capter après tout. Vous pouvez rester ici faire votre sieste, moi je vais peindre dehors. Des arbres, des branches ou des toits...de vraies choses inanimées car votre respiration me trouble.
La voix roulante continue de résonner dans l´atelier tandis que Luz fait des efforts au-dessus de ses moyens pour s´extirper de sa somnolence. Elle se lève et enfile sa robe avec sa nonchalance habituelle. Elle dit en baîllant, presque machinalement :
- Les toits d´accord, mais les arbres c´est animé. Et d´ailleurs, les toits ou les « toi » ? Bon, je m´en fiche en fait, je ne reste pas, votre canapé est tout défoncé et ma soeur est certainement déjà arrivée.
- Vous avez une soeur ? Vous ne m´avez jamais parlé de votre soeur... Vous ne parlez pas beaucoup, ce doit être pour cela. Elle était partie ?
Luz acquièsce d´un mouvement de tête.
- Mais elle n´avait pas précisé l´heure de son retour car elle déteste les retrouvailles dans les aéroports ou les gares. Le jeu est donc de la retrouver dans l´un de nos lieux fétiches.
- Ah, les soeurs, ça a toujours de drôles de jeux. La mienne, la dernière fois qu´elle m´a donné rendez-vous, elle m´a dit « C´est la dernière fois qu´on se voit, je ne veux plus entendre parler de toi ! ». C´était à cause d´une sombre histoire de sous bien-sûr. Eh bien, elle ne croyait pas si bien dire, en venant elle a eu une crise cardiaque et le rendez-vous a donc été déplacé au cimetière des Batignolles. Depuis, je ne l´ai effectivement plus revue...
- C´est affreux votre histoire. Et vous êtes affreusement cynique en plus.
- Affreux affreux, c´est le seul compliment que vous me faites à chaque fois que vous me voyez...Bien, belle insolente, allez retrouver votre soeur farouche à qui il n´arrivera pas ce type de mésaventures – croyez moi, je suis un peu chamane -et sortons ensemble si vous le voulez bien.
La porte claque d´un bruit sec derrière eux. La rue brille sous le soleil zénithal et a un air de vacances. Luz cherche l´heure sur le néon vert de la pharmacie : « midi ». Elle se dit : « magique, cette rue du Cherche-midi » et sourit. Elle joue à s´aveugler en offrant son visage aux rayons, elle plisse les yeux, puis les ferme, puis oublie l´heure qu´il est, où elle est. Quand elle les rouvre, elle aperçoit le peintre déjà loin qui lui fait un signe d´adieu de la main puis elle reconnait un autre homme qui tourne à l´angle de la rue... Elle veut l´appeler mais il disparait avant que le son de sa voix ne puisse prononcer son nom.
Il était mince, grand et sombre.
Magyar.
mardi 13 octobre 2009
Jour de fête sous l´oeil de Sergi Bernal
il vient de m´envoyer ces trois belles images du jour de fête que je décris dans l´article précédent : Jesus devenant le parrain spirituel de Solenn.
Bien entendu, Sergi étant derrière son objectif, il n´est pas sur ces photos. Il suffit de faire un petit jeu de "cherchez la différence" entre le dernier cliché du groupe dans cet article et celui que j´ai mis sur le précédent pour trouver Sergi
Si vous avez la curiosité de connaître davantage le travail de ce garçon au reste fort sympathique, je pourrai vous passer l´adresse de sa page internet et il pourra même vous enregistrer dans son carnet d´adresses pour ses prochaines expos. Récemment il a exposé à Perpignan sa très belle série de photos de Chine. Il prépare actuellement un très beau travail sur les camps de réfugiés dans le sud de l´Algérie (où il s´est rendu l´an dernier).
Fréquemment, il revient de ses expos avec un prix sous le bras, en général des voyages qui font pâlir d´envie ses amis. Il part avec son sac à dos, en Inde ou au Guatemala et il fait de nouvelles photos, puis de nouvelles expos et alors il gagne de nouveaux prix et ainsi de suite...Quand la passion devient art de vivre, on peut croire aux dons du ciel, non ?
Sur ces photos :
1. Jesus et sa filleule, Solenn.
2. David, moi, Jesus et Solenn.
3. de gauche à droite : Eli et Ariadna (dans les bras), Rodrigo et Ingrid, David, moi et Solenn, Jesus, William et Luisi.
jeudi 8 octobre 2009
Jesus arriva
Un jour de mars ou avril, pendant la fête de la
Je l´ai rencontré à travers Eli quand je revenais de Chine en 2006 et qu´elle s´apprêtait pour sa part à y repartir. Je cherchais à la fois une personne qui sache faire les massages ayurvédiques et un cours de yoga. Or, Jesus était aux dires de mon amie et colocataire Elisenda LA personne qu´il me fallait, répondant à mes deux attentes : il maîtrisait le massage indien à la perfection et donnait des cours, non de yoga mais de Kalaripayattu, un art martial du sud de l´Inde qui combine yoga, relaxation et figures martiales dans des enchaînements chaloupés. Je n´ai pas pu commencer par cela dans un premier temps car je travaillais au moment où il donnait ces séances mais j´ai découvert sa dextérité de masseur, la bonté infinie qui habitait ses mains et tout son être.
Je ne vexerai personne j´espère en affirmant que c´est réellement
Je retranscris ici "dans le texte" (c´est-à-dire en castillan) les mots que Jesus dédia à sa filleule
mi niña dulce,
te quiero bautizar
como testigo este arbol regalar
tu madre orgullosa en tus meses de vida
cargados de dicha y felicidad
Envidia a tu padre le darás
porque el rocio de la mañana te quiere abrazar
pero contento, que presente siempre lo tendràs
Tu alma i mente
caminando hacia la libertad
y que los àngeles griten, Amen
Solenn te quieren llamar
Mi bendición, dulce niña,
Te quiero regalar
Pendant l´après-midi, Ingrid a confié à son père le désir d´être la marraine de sa petite soeur.
mercredi 7 octobre 2009
Sur les routes de France et de Navarre
Alors, comble de l´absurdité, je vais au plus vite, au plus présent : j´écris sur celle qui m´empêche d´écrire le reste du temps !!! Solenn par-ci, Solenn par-là, je vois de là venir les commentaires rieurs et ironiques d´amis - en particulier ceux que les enfants ennuient énormément, mais tant pis c´est ainsi, je sais que ça fait plaisir à certains et c´est donc déjà ça. Vivre loin nous apprend à tisser ces liens invisibles à travers des mots : si texte et tissu ont la même racine étymologique, ce n´est certainement pas par hasard. De fait, je réalise que lorsqu´on me dit "j´ai été faire un tour sur ton arbre à plumes et je n´ai pas vu de nouveaux articles", indirectement ou directement on me dit "tu n´as pas donné de nouvelles récentes de Solenn, mets nous des photos !" et je dois donc bien me rendre à l´évidence que cet arbre est devenu provisoirement un journal de maternité - "mi bebe y yo" en blog !!! - et que plus personne ne semble y attendre les textes liés au voyage ou à l´imaginaire qui en constituait avant la sève. Alors assumons et étanchons la soif de nouvelles dont certains ont la générosité de nous faire part. La petite-reine-soleil est après tout un sujet très intéressant.
Après Saint Sever, nous nous rendîmes à Moncouët où vivent Nico et Catherine. Ce fut un plaisir de revoir Lilo et Kyra, les jolis jumeaux, qui ont acquis un certain sens de la discipline si on les compare à notre petite anarchiste (mais, je le répète, tout est dans l´éducation) : ils mangent bien, ils se couchent tôt, ils dorment toute la nuit, ils pleurent "piano piano", bref ce sont des z- amours (Solenn aussi ceci dit mais en sautant tous les premiers critères).
Pour confirmer qu´à deux, ce n´est pas pire
Dans la sphère des vraiment plus grands cette fois, on a revu ensuite les cousins Owen et Melvin avec leur papa chez papy et mamie. Une photo de famille dans le jardin méritait d´honorer ce court passage.
A part ça, Paris fut aussi l´occasion d´aiguiser un peu plus le sens esthétique de la demoiselle, sous la gouverne d´un spécialiste en la matière, notre ami Jean-Michel. La Halle Saint Pierre est pour nous un lieu de rendez-vous assez rituel et nous avons eu la chance d´y voir cette fois une expo sur Chomo (dont des peintures que nous méconnaissions totalement). Sur cette dernière photo, ce n´est pourtant pas des oeuvres de ce drôle de bonhomme qui avait construit son refuge imaginaire au coeur de la forêt de Fontainebleau que Jean-Michel lui montre mais celles d´un artiste polonais dont j´ai oublié le nom...mais qui était là ce jour-là et qui avait l´air adorable, discret, souriant, humble...Il avait également de très beaux tissages.
Tissons tissons textes et fils de la mémoire, ouvrages du temps et bobines colorées des jours et des soirs...
mardi 6 octobre 2009
Après le printemps, il y eut l´été...
Père et fille se sont mis au diapason de la mode majorquine pour chausser leurs pieds pendant ce mois d´août baigné de soleil. Il fallut trouver la fraicheur et rien de tel qu´un lac, celui près de Tremp en l´occurence, pour combler notre soif de silence, d´ombre, d´eau et de farniente (cette dernière, toute relative cependant vu la distance où se trouve l´enfant en bas âge de ce concept).
Durant ce séjour, il y eut beaucoup de premières expériences en "prime times". Solenn a le tact d´attendre d´avoir ses deux parents tout à elle, disponibles et attentifs, pour montrer ses prouesses : elle se lançât notamment dans le 4 pattes, décidée à coordonner jambes et bras, après avoir passé une bonne partie du mois de juillet à se balancer d´avant en arrière sans se résoudre à avancer (et terminant plutôt en rampant et soulevant le derrière version parcours du combattant). Elle apprit simultanément à se lever en s´accrochant à ce qu´elle pouvait (rebord de lit ou de chaise, jambes, chien) et puis elle se mit à babiller de plus en plus "clairement", imitant les sons entendus : c´est ainsi que le "au-revoir" prit sa place sous la forme de "Au-wa" accompagné du geste de la main et recouvrant toute entrée ou sortie de personne ou d´animal (une forme contractée en fait de "Hola" et "au-revoir", le "Salut" personnalisé de l´enfant aux 2 langues...). Mon crible phonétique reconnut également "donne" (prononcé à l´anglaise "down"), "tiens!", "Eu-gad" pour "regarde" (et ce fut aussi le début de toute chose ou individu montré du doigt) : en tout état de cause, on remarquera que le premier mode que choisit le bébé pour s´exprimer est l´impératif, preuve il en est - si tant est qu´il subsistât des doutes - que c´est bien lui qui commande à la maison.
Mais l´ingratitude infantile ne s´arrête pas là : force est d´avouer dans cet article (ne prétendant rien d´autre que de dépeindre fidèlement la réalité) que bien avant de dire "maman" de façon distincte - ou même "baba" pour "papa" - Solenn a préféré s´égosiller à crier "A-dar" pour appeler..."Radar", le petit chien blanc et roux de Marie-Lou et Philippe, qui la rendait folle de joie. Ce privilège s´accompagnait d´une autre différence notable, c´est que lorsque la petite devait rejoindre l´auteure de ses jours dans une autre pièce, son 4 pattes était rythmé par des lamentations et râleries particulièrement sonores tandis que lorsqu´elle poursuivait ce chien, elle allait à toute vitesse en émettant un cri inspiré, comble de la joie exultante (une sorte de rire inspiré, si vous voyez ce que ça peut donner...).
Cependant je n´en pris pas ombrage et je me reposais un peu dans ces moments-là sur mon rôle " + animé + humain " comme on dit dans le jargon linguistique, car trop souvent Solenn me rappelait par sa voracité à la nature proprement mammifère de toute femme (certes, cette tournure casse tout glamour mais appelons un chat un chat) et se ruait régulièrement sur les seins maternants, pour combler une soif passagère, pour se consoler ou pour marquer la relation maternelle d´un seau indéfectible. Je ne m´appelais pas "A-dar !!!!" moi et ne la faisait pas courir mais j´étais un peu son Saint Bernard de service, toujours appelé à la rescousse avec son eau-de-vie en guise de récompense.
Car on arrive au point B de cet exposé sur l´ingratitude innée de nos progénitures : toutes ces vacances, je me suis décarcassée - tel le père Lustucru - à préparer de bons petits plats à cette enfant dotée de plus en plus de dents (7 à ce jour), cherchant les meilleurs légumes ou fruits et les meilleurs axiomes "courge-carotte-tofu", "pommes de terre-haricots-poisson", pour me retrouver chaque jour confrontée à la même déroute et à un refus entêté d´avaler la moindre cuillère de ces merveilles gastronomiques (bon, il faut admettre que l´absence de sel rend difficile l´extase gustative) ; j´ai donc essuyé jour après jour des râteaux culinaires sans broncher, me remettant à l´ouvrage le lendemain, encouragée successivement par Marie-Lou puis Catherine me dénichant les meilleurs légumes de leur potager, comparant avec moi des recettes bio ou m´alternant parfois sur le maniement de la cuillère mais rien n´y faisait : Solenn détourne la tête avec une habileté déconcertante. Ceci est vexant mais ce n´est rien à côté de ce que je vais vous révéler maintenant : après plus de 28 jours de ce calvaire quotidien à faire ingurgiter un minimum de 3 bouchées à cette mini-militante de la grève de la faim, je fis une expérience bien plus traumatisante : je vis la chipie descendre en moins de 3 minutes LA TOTALITÉ d´un petit pot acheté au supermarché et dont le goût était immonde.
Je défie mes contemporaines d´avoir un peu le courage de l´honnêteté et de ne pas craindre un procès de "mauvaise mère" en confessant simplement qu´un bébé peut être tout à fait désopilant, qu´il met régulièrement ses parents en rogne et leur apprend la patience infinie et ne respecte à peu près aucune loi de la bienséance (d´où le rôle éducatif incombant à leurs ascendants).
Il fallut en pareilles circonstances détourner l´attention de la coquine et lui offrir une bouée "Deluxe" (s´il-vous-plaît) afin de lui faire découvrir des plaisirs non interdits comme l´eau (qui