Je ne suis pas toujours très douée en questions de puériculture ni pour anticiper les étapes par lesquelles passent un enfant, sans-doute parce qu´on oublie tout de cet âge-là et que l´on redécouvre au fur et à mesure, en étant face à la situation. Je sens et je vis Solenn au quotidien, mais c´est elle qui marque le chemin pour m´apprendre ce dont elle a besoin, ce qu´elle aime et ce qu´elle veut. On essaie nous aussi de semer nos petits cailloux et de marquer les balises pour l´entraîner vers notre volonté mais autant dire que si elle veut aller à droite plutôt qu´à gauche, elle ira à droite et on n´a plus qu´à croire aux détours pour se retrouver plus tard à un point où l´on concorde.
Ainsi en est-il de l´intérêt que je lui ai vu manifester en septembre dernier chez mes parents pour une petite poupée. Je me suis alors dit : "ah oui, c´est vrai, les enfants aiment les poupées !" Ça peut paraître absurde mais je n´y avais jamais pensé. Alors que manifestement j´ai eu une poupée moi aussi petite car je cite une certaine "Caroline" - "qui n´a pas de mari" ! - sur une cassette enregistrée par mes parents Noël 1978. Je me suis alors mis en tête de lui trouver ce petit compagnon de jeux qui me paraissait moins compromettant qu´un chat, un lapin ou un chien (car elle aime beaucoup aussi mais on se contentera d´aller voir ceux des amis ou des voisins). J´ai alors découvert que les boutiques regorgeaient de poupées mais en général elles sont plus affreuses les unes que les autres. En fait, je me montrais réticente au début car j´avais peur d´avoir peur de la poupée. Je dois avouer une phobie : je suis terrorrisée par les mannequins dans les magasins, toute sorte de simuli d´humains qui portent les vêtements qu´on veut nous faire acheter. Très souvent en passant à côté je me retourne en croyant qu´il y a quelqu´un à côté de moi. Elles m´inquiètent : j´ai l´impression qu´elles sont incarnées, alors je m´en éloigne, je les fuis. Je craignais donc qu´une poupée me fasse le même genre d´effet et je me concentrais plutôt sur les poupées de chiffon au début. Mais elles avaient des sales têtes ou avaient l´air atrocement niaises. Pas le genre de fréquentation que je recommenderais à Solenn. Puis un jour, sur le rayon d´une coopérative de jeux, j´ai vu une série de poupées "ethniques", une européenne, une africaine, une asiatique, une métisse...qui ne me faisaient pas peur du tout, au contraire, elles me semblaient très pacifiques et attachantes. J´ai cependant d´emblée exclu la blondinette aux yeux bleus au type trop aryen. La petite chinoise me plaisait bien - on est évidemment façonné par nos expériences...Mais je n´ai rien acheté sur le coup, Solenn n´était pas avec moi. Quand j´y suis retournée avec elle, il ne restait plus que la blonde et la brune, la petite africaine. Elle a ignoré la nordique à mon grand soulagement et s´est tout-de-suite entichée de la petite africaine, aux traits plus kenyans ou ethiopiens que maliens d´ailleurs, peut-être métisse en fait. Genre "Barackette Obama". Nous sommes repartis avec.
Je savais qu´avec cette petite poupée, on pourrait même faire de l´interculturel à la maison, pas tant avec Solenn mais avec d´autres plus grands, à l´humour et au vocabulaire parfois douteux (on parle sans honte par ici de "les moros" pour toute personne originaire du nord de l´Afrique - "les maures" et de "negros" - ça ne passe toujours pas à mes oreilles, même si j´ai toujours entendu dire "les blacks" ce qui revient finalement au même, ou encore les Africains parler des "blancs" : match nul !). "Ah una nina negra, que gràcios !" ("Ah une poupée noire, comme c´est amusant !"). Ça n´a pas loupé, même David s´acharne à appeler la poupée de Solenn - que l´on a baptisé "Maïa" et que Solenn reconnaît très bien avec ce nom-là - "la ninoire" (contraction catalo-française de "nina" = poupée et "noire"). Je le reprends, il ne me fait pas cas et rigole "mais quoi, c´est joli la ninoire !" Hier j´étais en haut en train d´écrire pendant qu´il jouait un peu avec Solenn. Il m´avait demandé de mettre "Les clipounets" et j´étais amusée de l´entendre chanter par-dessus "Ah les co-co-cro-, les co-codriles , ils sont partis au bord du Nil, ah les co-cro-co, les co-co-cro-driles ils sont partis n´en parlons plus !"...et son rire, "ah ah que bueno "n´en parlons plus!" puis s´adressant à Solenn qui devait promener sa poupée d´un bout à l´autre de la pièce : "Alors Solenn qu´est-ce qu´elle fait la ninoire ?" Ouuuuhhh... : "David elle s´appelle Maïa, pas "la ninoire" ! Et puis on dit "CRO-CO-DILE" en français, pas "cocodrile" !" - le rire encore, redoublant de joie "si si, les cocrodrriles et la ninoire, ils sont partis n´en parlons plus ! ah ah ah !"
N´en déplaise aux esprits moqueurs, Solenn adore sa poupée. Et je ne sais pas si c´est grâce à elle et aux mimétismes dont on joue, mais Solenn, à présent, ne me fait plus aucune scène pour manger et a un appétit terrible. (parfois elle s´acharne à vouloir faire rentrer un "palitos" - sorte de petite baguette de pain - dans la bouche résolument fermée de sa poupée et cette résistance l´agace profondément !)
Je devrais donc peut-être songer à mettre Maïa dans son petit lit pour voir si elle peut aussi résoudre les altérations du sommeil...Car après 14 mois, ne pas dormir une nuit complète commence à me fatiguer un peu et malgré une amélioration avant Noël, Solenn se remet à se réveiller très souvent en réclamant les bras, le sein, la présence. Espérons que ce soit les dents, la fraîcheur hivernale, les changements, la neige...Malheureusement, Maïa ne peut pas fermer les yeux, ça va être dur de simuler le sommeil profond et bienheureux...Mais au moins ce n´est pas de ces poupées qui braillent et qui pleurent, elle pourra peut-être enseigner les vertus du silence et de la tranquillité à notre petite fille "Duracel". Affaire à suivre...
Ainsi en est-il de l´intérêt que je lui ai vu manifester en septembre dernier chez mes parents pour une petite poupée. Je me suis alors dit : "ah oui, c´est vrai, les enfants aiment les poupées !" Ça peut paraître absurde mais je n´y avais jamais pensé. Alors que manifestement j´ai eu une poupée moi aussi petite car je cite une certaine "Caroline" - "qui n´a pas de mari" ! - sur une cassette enregistrée par mes parents Noël 1978. Je me suis alors mis en tête de lui trouver ce petit compagnon de jeux qui me paraissait moins compromettant qu´un chat, un lapin ou un chien (car elle aime beaucoup aussi mais on se contentera d´aller voir ceux des amis ou des voisins). J´ai alors découvert que les boutiques regorgeaient de poupées mais en général elles sont plus affreuses les unes que les autres. En fait, je me montrais réticente au début car j´avais peur d´avoir peur de la poupée. Je dois avouer une phobie : je suis terrorrisée par les mannequins dans les magasins, toute sorte de simuli d´humains qui portent les vêtements qu´on veut nous faire acheter. Très souvent en passant à côté je me retourne en croyant qu´il y a quelqu´un à côté de moi. Elles m´inquiètent : j´ai l´impression qu´elles sont incarnées, alors je m´en éloigne, je les fuis. Je craignais donc qu´une poupée me fasse le même genre d´effet et je me concentrais plutôt sur les poupées de chiffon au début. Mais elles avaient des sales têtes ou avaient l´air atrocement niaises. Pas le genre de fréquentation que je recommenderais à Solenn. Puis un jour, sur le rayon d´une coopérative de jeux, j´ai vu une série de poupées "ethniques", une européenne, une africaine, une asiatique, une métisse...qui ne me faisaient pas peur du tout, au contraire, elles me semblaient très pacifiques et attachantes. J´ai cependant d´emblée exclu la blondinette aux yeux bleus au type trop aryen. La petite chinoise me plaisait bien - on est évidemment façonné par nos expériences...Mais je n´ai rien acheté sur le coup, Solenn n´était pas avec moi. Quand j´y suis retournée avec elle, il ne restait plus que la blonde et la brune, la petite africaine. Elle a ignoré la nordique à mon grand soulagement et s´est tout-de-suite entichée de la petite africaine, aux traits plus kenyans ou ethiopiens que maliens d´ailleurs, peut-être métisse en fait. Genre "Barackette Obama". Nous sommes repartis avec.
Je savais qu´avec cette petite poupée, on pourrait même faire de l´interculturel à la maison, pas tant avec Solenn mais avec d´autres plus grands, à l´humour et au vocabulaire parfois douteux (on parle sans honte par ici de "les moros" pour toute personne originaire du nord de l´Afrique - "les maures" et de "negros" - ça ne passe toujours pas à mes oreilles, même si j´ai toujours entendu dire "les blacks" ce qui revient finalement au même, ou encore les Africains parler des "blancs" : match nul !). "Ah una nina negra, que gràcios !" ("Ah une poupée noire, comme c´est amusant !"). Ça n´a pas loupé, même David s´acharne à appeler la poupée de Solenn - que l´on a baptisé "Maïa" et que Solenn reconnaît très bien avec ce nom-là - "la ninoire" (contraction catalo-française de "nina" = poupée et "noire"). Je le reprends, il ne me fait pas cas et rigole "mais quoi, c´est joli la ninoire !" Hier j´étais en haut en train d´écrire pendant qu´il jouait un peu avec Solenn. Il m´avait demandé de mettre "Les clipounets" et j´étais amusée de l´entendre chanter par-dessus "Ah les co-co-cro-, les co-codriles , ils sont partis au bord du Nil, ah les co-cro-co, les co-co-cro-driles ils sont partis n´en parlons plus !"...et son rire, "ah ah que bueno "n´en parlons plus!" puis s´adressant à Solenn qui devait promener sa poupée d´un bout à l´autre de la pièce : "Alors Solenn qu´est-ce qu´elle fait la ninoire ?" Ouuuuhhh... : "David elle s´appelle Maïa, pas "la ninoire" ! Et puis on dit "CRO-CO-DILE" en français, pas "cocodrile" !" - le rire encore, redoublant de joie "si si, les cocrodrriles et la ninoire, ils sont partis n´en parlons plus ! ah ah ah !"
N´en déplaise aux esprits moqueurs, Solenn adore sa poupée. Et je ne sais pas si c´est grâce à elle et aux mimétismes dont on joue, mais Solenn, à présent, ne me fait plus aucune scène pour manger et a un appétit terrible. (parfois elle s´acharne à vouloir faire rentrer un "palitos" - sorte de petite baguette de pain - dans la bouche résolument fermée de sa poupée et cette résistance l´agace profondément !)
Je devrais donc peut-être songer à mettre Maïa dans son petit lit pour voir si elle peut aussi résoudre les altérations du sommeil...Car après 14 mois, ne pas dormir une nuit complète commence à me fatiguer un peu et malgré une amélioration avant Noël, Solenn se remet à se réveiller très souvent en réclamant les bras, le sein, la présence. Espérons que ce soit les dents, la fraîcheur hivernale, les changements, la neige...Malheureusement, Maïa ne peut pas fermer les yeux, ça va être dur de simuler le sommeil profond et bienheureux...Mais au moins ce n´est pas de ces poupées qui braillent et qui pleurent, elle pourra peut-être enseigner les vertus du silence et de la tranquillité à notre petite fille "Duracel". Affaire à suivre...
5 commentaires:
coucou
on a hate de faire cette double rencontre maintenant : Solenn et Maia!
dans quelques jours nous sommes a Barcelone...
je t'appelle ce week end!
bisous
Typhaine
eh compatriote celte, bonjour ! heureuse de te lire et de te voir bientôt donc ! "c souette!" comme dit une copinette de Solenn (+ gde). Tu as mes tél ? Qd débarques tu ? qui se cache derrière le "nous" ?
a très vite, bizzzz
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