vendredi 24 octobre 2008

un détour par l´Afrique


Il ne reste plus que deux chapitres à éditer pour le récit chinois - et la conclusion - mais j´ai besoin de retoucher certains passages et j´ai envie de faire un détour par un autre voyage, beaucoup plus court mais intense également : le Mali. C´était en mars dernier (la ponctualité cette année n´est pas mon fort...), sous une chaleur d´une quarantaine de degrés. Grâce à mon ami Emmanuel qui m´a accueillie dans sa famille à Bamako et son jeune frère David qui m´a mise entre de bonnes mains dans le pays dogon, je suis allée de découverte en découverte, entrant par petites touches impressionnistes dans l´intimité de la culture, partageant les conversations de personnes ouvertes et généreuses, marchant sur le sable entre les baobabs en imaginant le passé des dogons...
Approcher les traditions ou les superstitions des villages de Bandiagara était finalement aussi fascinant que goûter le quotidien citadin d´une famille de Bamako : voir les femmes préparer pendant des heures le repas, toujours à l´extérieur, piler le mil en se courbant comme ses épis, observer le va et vient des "enfants", comprendre peu à peu qui est qui ; Emmanuel a 5 enfants mais il y en a 10 sous son toit ! Un autre fils "adoptif" venu de Côte d´Ivoire (fils d´un lointain cousin), des nièces venues du village natal pour "gagner" leur dot en travaillant en ville avant de retourner se marier au pays, un ami du fils cadet, plus ou moins orphelin...les voir parfois tous réunis devant la télé, assis à même le sol, était aussi touchant que les découvrir par petites grappes parsemées dans le jardin la nuit, partageant des matelas ou moustiquaires et fuyant les chambres trop chaudes...
Je testais là encore une fois la relativité de toute conception du monde, de nos façons de vivre, de nos habitudes...le fil conducteur de mes réflexions qui ont inspiré le récit chinois se tordait ici de nouveau au contact d´autres angles de vue, de réalités autres, de saveurs toujours exotiques. Et puis il y avait l´approche plus sensuelle de chaque voyage : la chaleur diffuse, l´appel à la prière dès 5 heures du matin, les nuits à la belle étoile à écouter comment l´écho des animaux rebondissait contre la falaise (singes, oiseaux, chèvres..), des reliefs à déchiffrer et puis cette étrange perte d´appétit, en particulier le soir...Car c´est aussi au Mali que j´ai dû me rendre à l´évidence que...j´étais sans doute entrée sur le territoire avec un petit(e) clandestin(e) qui bouleversait déjà mes entrailles. J´humais l´air de la nuit, sur les terrasses provisoires, après avoir tendu conscienseusement la moustiquaire autour du fin matelas, en me demandant s´il m´arrivait bel et bien ce qui semblait m´arriver. Plus encline à ce moment là à m´inquiéter à cause des anti-paludiques (que j´ai fini par abandonner, guettant ensuite le moindre moustique), plutôt qu´à me réjouir et sauter en l´air !

Photos : 1/ un village dogon près de Bandiagara ; 2/ en jouant au Awalé, dans un village dogon ; 3/ de gauche à droite : la femme d´Emmanuel, Abdoulaye, moi, Emmanuel, une amie de la famille.

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