jeudi 15 octobre 2009

Incipit : chose promise, chose due !

Pour vous prouver que tout ne tourne pas (seulement) autour de la petite-reine-Soleil, voici un texte ! (un début de texte pour être plus précise) : ça en réalité, c´est un projet d´écriture plus long qui traîne dans les tiroirs (virtuels) ; je triche donc un peu car je l´avais déjà en réserve et cela reporte la réécriture (plus que recopiage) des écrits plus récents.

Je vous propose un petit jeu :
- vous n´écrivez aucun commentaire : j´arrête.
- Vous me dites que c´est nul : j´arrête.
- Vous me dites que ce n´est pas si mal : je continue.


Seule à la terrasse d´un café, Sol compte les heures, depuis son retour.

Deux hommes tournent dans la rue Tiquetonne, elle fredonne en tournant sa cuiller dans la tasse noire “Quiquetonne, tic tac toc, qui t´a quitté madonne ?”, puis se demande pourquoi Tiquetonne à présent et non plus Quiquetonne ?

On ne les voit plus, ils étaient minces, grands et sombres : Sol pose sa cuiller, murmure encore le nom énigmatique “Qui que...tonne ?”, pense à sa soeur, à Paris, aux hommes, “morts ou vifs” se précise t´elle.


Luz est dans l´atelier du peintre, sous les toits d´un immeuble très parisien, rue du Cherche-midi. Elle pose comme un chat au soleil, étalant langoureusement sa paresse sur le vieux canapé et ne pense à rien. Elle entend le peintre clamer qu´il n´a aucun respect pour la peinture. Elle joue avec la lumière, sur ses cheveux, sur sa peau, l´ombre, la lumière, la voix du peintre. “Non, c´est vrai, je n´ai aucun respect pour la peinture !”, insiste t-il. La voix se fait lointaine à mesure que les ombres chinoises dessinées par les doigts de Luz deviennent la seule perception tangible. Elle pense alors à sa soeur puis à Istvan, elle oublie le peintre et la peinture, et sombre d´un seul coup dans un sommeil délicieusement félin.

Sol tourne machinalement sa cuiller dans la troisième tasse de café qu´elle vient de commander, elle tourne sans y penser et sans raison puisqu´elle ne sucre jamais le café. Elle se penche au-dessus du breuvage et respire profondément. Cette odeur de grains torréfiés, dans ce petit café parisien un matin de juin, la terrasse de bonheur. Enivrée, elle relève la tête et la fait tomber en arrière, lâchant un soupir d´extase. Un mouvement, une conversation qui s´interrompt, un râclement de gorge, lui parviennent et lui font comprendre sans détour qu´on la regarde. Ses voisins de table, un couple âgé sentant la bergamote. Elle se tourne vers eux et leur lâche aussi naturellement que s´ils venaient de lui poser une question :

- Cela fait un an que je n´ai pas bu de café.

La vieille femme en redingote vert bouteille cède un sourire bienveillant. Son mari se contente d´un hochement de tête, comme si Sol était un petit animal exotique à côté d´eux, une distraction de bon augure pour ce début de journée. Pour se donner une contenance, Sol se remet à observer la rue Tiquetonne où elle ne voit plus qu´indistinctement des pantalons à pinces gris, des tailleurs noirs, des costumes encore bien sombres pour la saison. “Ces gens qui travaillent…” pense t´elle et cette idée l´assombrit car elle se demande que faire d´elle-même pour les mois à venir. Pour peu, elle en serait énervée, à moins que ce ne soit tout ce café.

- J´appellerai cette toile ratée “la Belle endormie”, il y en a des milliers des belles
endormies, alors non seulement c´est raté mais en plus cela n´a rien d´original...Vous vous en fichez n´est-ce-pas Luz ? Je n´ai pas de respect pour la peinture mais vous, vous n´avez pas de respect pour les peintres, non ?

- Vous voulez que je pose ou que je vous fasse la conversation ?

- Oui vous avez raison, vous pouvez tout aussi bien être muette. Vous pourriez quand-même poser éveillée, vous n´aviez pas les yeux fermés sur ma toile...Bon mais votre insolence est éloquente et c´est votre mystère que je veux capter après tout. Vous pouvez rester ici faire votre sieste, moi je vais peindre dehors. Des arbres, des branches ou des toits...de vraies choses inanimées car votre respiration me trouble.

La voix roulante continue de résonner dans l´atelier tandis que Luz fait des efforts au-dessus de ses moyens pour s´extirper de sa somnolence. Elle se lève et enfile sa robe avec sa nonchalance habituelle. Elle dit en baîllant, presque machinalement :

- Les toits d´accord, mais les arbres c´est animé. Et d´ailleurs, les toits ou les « toi » ? Bon, je m´en fiche en fait, je ne reste pas, votre canapé est tout défoncé et ma soeur est certainement déjà arrivée.

- Vous avez une soeur ? Vous ne m´avez jamais parlé de votre soeur... Vous ne parlez pas beaucoup, ce doit être pour cela. Elle était partie ?

Luz acquièsce d´un mouvement de tête.

- Mais elle n´avait pas précisé l´heure de son retour car elle déteste les retrouvailles dans les aéroports ou les gares. Le jeu est donc de la retrouver dans l´un de nos lieux fétiches.

- Ah, les soeurs, ça a toujours de drôles de jeux. La mienne, la dernière fois qu´elle m´a donné rendez-vous, elle m´a dit « C´est la dernière fois qu´on se voit, je ne veux plus entendre parler de toi ! ». C´était à cause d´une sombre histoire de sous bien-sûr. Eh bien, elle ne croyait pas si bien dire, en venant elle a eu une crise cardiaque et le rendez-vous a donc été déplacé au cimetière des Batignolles. Depuis, je ne l´ai effectivement plus revue...

- C´est affreux votre histoire. Et vous êtes affreusement cynique en plus.

- Affreux affreux, c´est le seul compliment que vous me faites à chaque fois que vous me voyez...Bien, belle insolente, allez retrouver votre soeur farouche à qui il n´arrivera pas ce type de mésaventures – croyez moi, je suis un peu chamane -et sortons ensemble si vous le voulez bien.

La porte claque d´un bruit sec derrière eux. La rue brille sous le soleil zénithal et a un air de vacances. Luz cherche l´heure sur le néon vert de la pharmacie : « midi ». Elle se dit : « magique, cette rue du Cherche-midi » et sourit. Elle joue à s´aveugler en offrant son visage aux rayons, elle plisse les yeux, puis les ferme, puis oublie l´heure qu´il est, où elle est. Quand elle les rouvre, elle aperçoit le peintre déjà loin qui lui fait un signe d´adieu de la main puis elle reconnait un autre homme qui tourne à l´angle de la rue... Elle veut l´appeler mais il disparait avant que le son de sa voix ne puisse prononcer son nom.

Il était mince, grand et sombre.

Magyar.

3 commentaires:

david a dit…

gwenola vaya por delante que en lo que has escrito presiento el germen de una una seductora historia,yo soy testigo de tu vicio de escribir y doy fe de que cuando coges un lapiz tus palabras se deslizan con extraordinaria agilida y belleza sobre el papel.Incluso cuando tu escritos tienen por destinatario sujetos con tan poco "glamour" como la administracion ,el banco o el fontanero

ante el embrion de una historia que contar, deja que crezca como lo hizo solenn en tu vientre, mimala, alimentala y dejate de hostias y de permisos a los demàs para escribir.

Escribela i sanseacabó
je táimeeeeeeeeeeeeeeee

Stéphanie Templier a dit…

ben oui la suite bien sûr avec ou sans les autres, que viennent-ils faire à ce moment là dans l'histoire, les lecteurs? allez pas de mauvaises excuses. Qui donc viendrait te dire d'arrêter d'écrire et les silences comme les abstentions ne veulent rien dire.
La suite!!!

Gwenola a dit…

Gracias por tus palabras lindas amor meu. Me acuerdo de una noche en un restaurante en Budapest, vi con precision toda la historia de Sol y Luz. Te habia contado todo este "guion" mental. No tenia lapiz...Asi que ahora se me escapa un poco "la suite". De hecho habia otros escritos pero no sé donde les he puesto, o sea que la cosa esta un poco jodida...
Merci Stéph, la suite, promis, à lenteur de limace...! Les lecteurs ici ont une fonction "motivante" : il est plus facile, quand on veut recevoir un coup de pied aux fesses pour avancer, de demander à autrui d´utiliser sa jambe et son pied plutôt que de le faire soi-même : j´ai essayé et malgré les années de pratique de yoga, je n´ai pas atteint ma cible !! ;-)