jeudi 8 octobre 2009

Jesus arriva


...et la lumière fut sur la petite tête de Soleil.

Un jour de mars ou avril, pendant la fête de la Terre qui se célébrait dans les jardins de la Ciutadella à Barcelone, j´avais demandé à Jesus s´il accepterait d´être le parrain spirituel (mais non confessionnel) de Solenn. Il en fut touché et prit très à coeur cette proposition qu´il accepta avec joie. En réalité, ça faisait longtemps que j´y pensais, avant même la naissance de Solenn et il faut que je raconte là qui est Jesus.

Je l´ai rencontré à travers Eli quand je revenais de Chine en 2006 et qu´elle s´apprêtait pour sa part à y repartir. Je cherchais à la fois une personne qui sache faire les massages ayurvédiques et un cours de yoga. Or, Jesus était aux dires de mon amie et colocataire Elisenda LA personne qu´il me fallait, répondant à mes deux attentes : il maîtrisait le massage indien à la perfection et donnait des cours, non de yoga mais de Kalaripayattu, un art martial du sud de l´Inde qui combine yoga, relaxation et figures martiales dans des enchaînements chaloupés. Je n´ai pas pu commencer par cela dans un premier temps car je travaillais au moment où il donnait ces séances mais j´ai découvert sa dextérité de masseur, la bonté infinie qui habitait ses mains et tout son être.
Etant ami également de Marta avec qui j´ai habité pendant l´absence d´Eli, nous avons commencé eu l´occasion de nous voir plus souvent et de mieux nous connaître pendant cette période. J´eus le temps d´observer alors son ascendance sur le petit Tiago et la tendresse qu´il lui manifestait. J´aimais ce qu´il disait de l´enfance et je le voyais émerveillé. Ceci m´est resté et a sans-doute joué dans mon envie d´en faire le parrain de notre fille. Puis je suis allée tester un de ces fameux cours au nom imprononçable et je me suis arrangée l´année suivante pour travailler le samedi matin et être à Barcelone le vendredi soir afin d´en faire une pratique hebdomadaire. Au début, j´étais tellement fascinée par sa propre façon de faire, la beauté de ses gestes (Jesus ne fait pas de yoga ou de Kalaripayattu, il danse, tournoie et s´envole littéralement sous les yeux ébahis de ses "disciples") que j´osais à peine esquisser un mouvement, de peur de paraitre gauche et totalement inesthétique après ses prestations majestueuses. Je cherchais toujours à me placer derrière lui, "dans son ombre" afin de me saoûler de sa grâce et de tenter d´imiter maladroitement ce qu´il faisait. Il faut également confesser que cet art martial est très physique et pas si facile à appréhender au début. Jesus a plusieurs cordes à son arc pacifique : il a étudié les sciences maritimes mais est devenu danseur puis, après s´être blessé au genou, il a appris les massages et le Kalari. Il travaille dans un hôpital de jour avec des personnes souffrant d´anorexie ou de boulimie (à travers un programme d´Art thérapie) et s´intéresse à diverses méthodes curatives alternatives. Il se forme aussi en constellation familiale et apprend la peinture et la sculpture dans une école d´art parallèle. A part tout ça et sans le savoir, c´est un ange tombé sur terre. Il ne pouvait y avoir de meilleur parrain pour Solenn.

Je ne vexerai personne j´espère en affirmant que c´est réellement
l´ami le plus spirituel que j´ai. Bien entendu n´étant ni croyants ni baptisée pour ma part, nous ne voulions pas de connotation chrétienne à cette cérémonie pour accueillir Jesus comme parrain dans la vie de Solenn. Nous l´avons d´ailleurs laissé choisir entièrement le déroulement et le contenu de cette petite fête que nous avons célébrée le 20 septembre. Auprès du cerisier, il avait disposé plusieurs objets représentant les cinq éléments : fruits, bois - encens rapporté de Colombie, bougie en forme de fleur de lotus, bouteille bleue sacrée ouvrant les shakras, fleurs... En tant que mère et femme constituée de yin, je devais porter la flamme pour équilibrer ma substance et y ajouter du yang. Et David, en tant qu´homme et père façonné de yang, prenait le petit récipient d´eau et versait cet élément yin sur les pieds de Solenn. Puis Jesus les lui a massés avec de l´huile de mandarine. Avant ce petit rite, il a demandé à tous de fermer les yeux et nous a guidés dans une méditation afin de nous réunir mentalement autour de cet acte symbolique dédié à l´enfant. Il va sans dire que Solenn, ainsi que son amie Ariadna - de 15 jours son aînée - n´en percevait les effets tranquillisants que de très loin et toutes deux mettaient une joyeuse ambiance, qui pour réclamer le sein, décortiquer le raisin et le goûter, ou manifester une forte envie de gambader. William, le compagnon de Luisi (avec qui je pratiquais le Kalaripayattu) accompagnait le tout musicalement en faisant résonner les bols tibétains. Ce fut une très belle après-midi. Eli et Sergi étaient là avec Ariadna, Luisi et William étaient venus avec Jesus et Ingrid et Rodrigo nous avaient rejoint.

Je retranscris ici "dans le texte" (c´est-à-dire en castillan) les mots que Jesus dédia à sa filleule

En este dia tan especial
mi niña dulce,
te quiero bautizar

como testigo este arbol regalar
tu madre orgullosa en tus meses de vida

cargados de dicha y felicidad

Envidia a tu padre le darás

porque el rocio de la mañana te quiere abrazar
pero contento, que presente siempre lo tendràs

Tu alma i mente

caminando hacia la libertad

y que los àngeles griten, Amen

Solenn te quieren llamar

Mi bendición, dulce niña,

Te quiero regalar


Pendant l´après-midi, Ingrid a confié à son père le désir d´être la marraine de sa petite soeur. A vrai dire, nous n´avions pas pensé particulièrement au double féminin du parrain, ne suivant aucune pratique traditionnelle et du coup nous n´avons pas fêté simultanément cet événement, mais nous avons bien-sûr accepté son offre. Je n´y aurais pas pensé car le lien de parenté me semblait amplement combler leur relation et ne donnait pas lieu à un autre rôle. Mais cela lui tenait tant à coeur qu´il eût été difficile de freiner cette envie et puis cela permet peut-être aussi de ne pas être qu´une "moitié" de soeur comme le dit bêtement notre langue mais au contraire une grande soeur complète...Et ce ne sera sans-doute pas le même type d´influence que Jesus mais Ingrid fera grandir Solenn dans la continuité de l´héritage artistique paternel, les pieds emmêlés dans les fils, les tissus et les bobines de laine...Alors, tissons encore une fois, reprenons ce refrain, le refrain des liens, afin que Solenn connaisse avant tout les soleils doux et ardents de l´amour ...qu´elle apprenne à aimer, sentir et confier, avec ces belles personnes autour d´elle qui veillent à son éveil...

1 commentaire:

David a dit…

Salut Gwenola!

Merci pour ce très beau témoignage. J'aime beaucoup ce baptème hors du commun. Solenn est décidément bien entourée :-D

Bisous,
David Suomito